Le scaphoïde est un petit os du poignet dont on entend rarement parler… jusqu’au jour où il se fracture. Ce type de blessure survient souvent après une chute sur la main ou un accident de sport. Rapidement, une question se pose pour beaucoup de personnes actives: peut-on travailler avec une fracture du scaphoïde?
La réponse n’est pas simple, car elle dépend du type de fracture, de la nature du travail et de la capacité à adapter ses gestes. Dans cet article, nous allons explorer les implications d’une telle fracture, ses conséquences et les options qui s’offrent à vous.
Qu’est-ce qu’une fracture du scaphoïde?
Le scaphoïde est un petit os situé à la base du pouce, dans la partie supérieure du carpe. Il joue un rôle essentiel dans la mobilité et la stabilité du poignet. Lorsqu’il se fracture, cela peut avoir des conséquences sérieuses sur la fonctionnalité de la main.
Ce qui rend cette fracture particulière, c’est sa tendance à passer inaperçue: la douleur peut sembler supportable au début, et certains patients continuent à utiliser leur main sans se douter de la gravité de la lésion.
Causes fréquentes
➡️ Une chute sur la main, poignet en extension (par exemple, en glissant ou en chutant à vélo).
➡️ Des accidents sportifs (football, ski, skateboard, roller…).
➡️ Des traumatismes professionnels (chute de hauteur, réception brutale d’un objet lourd).
➡️ Des microtraumatismes répétés, moins fréquents mais possibles chez certains travailleurs ou sportifs.
Symptômes et diagnostic
Les symptômes d’une fracture du scaphoïde incluent généralement:
- Douleur vive sur le côté externe du poignet.
- Difficulté à mobiliser le pouce et le poignet.
- Gonflement et sensibilité à la palpation.
- Dans certains cas, la douleur est modérée mais persiste, ce qui peut retarder le diagnostic.
- Limitation fonctionnelle, avec une perte de force de préhension.
👉 Un examen clinique et une radiographie sont nécessaires pour confirmer la fracture. Parfois, une IRM ou un scanner est demandé pour détecter les fractures non visibles à la radio. Le diagnostic précoce est essentiel: une fracture non détectée peut entraîner des complications sérieuses, ce qui justifie une vigilance particulière après toute chute ou traumatisme du poignet.
Les conséquences d’une fracture du scaphoïde
La fracture du scaphoïde n’est pas anodine. C’est l’une des fractures les plus redoutées du poignet car elle consolide lentement. La lenteur de la cicatrisation est liée à la vascularisation particulière du scaphoïde, qui est parfois insuffisante pour assurer une guérison rapide. Cela explique pourquoi même de petites fractures peuvent évoluer défavorablement si elles ne sont pas prises en charge correctement.
Immobilisation longue
Le traitement classique repose sur une immobilisation par plâtre ou attelle, qui peut durer entre 6 et 12 semaines selon le type de fracture. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est nécessaire pour poser une vis ou une broche.
Une immobilisation prolongée peut être contraignante pour les activités quotidiennes: difficulté à écrire, à utiliser un clavier, ou encore à réaliser des gestes simples comme ouvrir une bouteille ou porter un sac.
Risques de complications
⚠️ Pseudarthrose (absence de consolidation de l’os).
⚠️ Nécrose avasculaire (l’os n’est plus alimenté en sang et se détruit).
⚠️ Perte de mobilité du poignet, raideur persistante.
⚠️ Douleurs chroniques qui peuvent persister plusieurs mois voire années après la fracture.
⚠️ Risque d’arthrose précoce du poignet en cas de mauvaise consolidation.
Importance du suivi médical
Un suivi régulier (contrôles radiographiques) est indispensable pour s’assurer de la bonne consolidation. Dans certains cas, une scintigraphie ou une IRM peut être prescrite pour vérifier l’évolution.
👉 Ignorer la fracture ou reprendre trop vite certaines activités peut avoir des conséquences à long terme. Le respect strict des recommandations médicales, associé à une bonne hygiène de vie (alimentation riche en calcium, arrêt du tabac, limitation de l’alcool), peut améliorer les chances de guérison complète.
Peut-on travailler avec une fracture du scaphoïde?
C’est la question centrale: travailler avec une fracture du scaphoïde est-il possible? La réponse dépend de plusieurs éléments.
➡️ Le type de fracture et son traitement.
➡️ La nature de votre travail.
➡️ Votre tolérance à la douleur et votre capacité d’adaptation.
Travail manuel ou physique
Si votre métier implique de porter, tirer, pousser, manipuler des outils ou des charges lourdes (bâtiment, manutention, artisanat, restauration, métiers de la santé), la reprise du travail est généralement impossible pendant la phase d’immobilisation. En effet:
- Le plâtre empêche l’usage complet de la main.
- Les gestes répétitifs ou sollicitant le poignet risquent d’aggraver la fracture.
- La douleur peut rendre le travail dangereux.
- Le risque d’accident du travail augmente en cas de perte de force ou de réflexes.
👉 Dans ces cas, un arrêt de travail est souvent inévitable, parfois prolongé jusqu’à la consolidation complète.
Travail de bureau ou tâches légères
Pour les métiers sédentaires (employé administratif, enseignant, télétravail, professions intellectuelles), il est parfois possible de continuer à travailler avec une fracture du scaphoïde. Toutefois, des adaptations sont nécessaires:
- Utilisation d’une souris ergonomique ou d’un clavier adapté.
- Limitation des mouvements répétitifs.
- Pauses fréquentes pour soulager la main.
- Réduction du temps d’écran ou utilisation d’outils de dictée vocale pour limiter la sollicitation du poignet.
👉 Il reste indispensable d’obtenir l’accord du médecin traitant ou du chirurgien avant toute reprise, car chaque fracture est unique.
Le rôle de la douleur
Même si le travail est théoriquement possible, la douleur persistante peut rendre difficile la concentration et l’efficacité. Elle peut également perturber le sommeil, ce qui impacte la performance professionnelle. Il faut donc prendre en compte non seulement la faisabilité, mais aussi le confort au quotidien et la qualité de vie au travail.
Quels aménagements pour continuer à travailler?
Si votre métier le permet, plusieurs aménagements peuvent être mis en place pour poursuivre vos activités malgré une fracture du scaphoïde. Ces ajustements visent à limiter la sollicitation du poignet tout en préservant votre efficacité.
✅ Télétravail: limite les déplacements et permet d’adapter l’environnement de travail.
✅ Outils ergonomiques: souris verticale, clavier adapté, supports pour réduire les mouvements du poignet.
✅ Réorganisation des tâches: privilégier les missions ne nécessitant pas l’usage intensif de la main blessée.
✅ Aide extérieure: délégation de certaines tâches manuelles à des collègues.
✅ Aménagement horaire: travail à temps partiel thérapeutique ou pauses régulières.
✅ Outils numériques: logiciels de reconnaissance vocale ou dictée automatique pour éviter la frappe intensive.
✅ Organisation de l’espace: garder les objets essentiels à portée de main pour limiter les gestes inutiles.
Ces solutions doivent être discutées avec l’employeur et validées médicalement. Dans certains cas, l’intervention du médecin du travail peut être précieuse pour proposer des adaptations spécifiques et garantir un retour au poste dans de bonnes conditions.
Travailler avec une fracture du scaphoïde est parfois possible, mais cela dépend fortement de votre activité professionnelle. Les métiers physiques et manuels nécessitent généralement un arrêt de travail pour permettre une bonne consolidation, tandis que certaines professions sédentaires peuvent être compatibles avec une immobilisation, à condition d’aménager l’environnement de travail et de respecter les consignes médicales.
Le message essentiel à retenir: ne jamais négliger une fracture du scaphoïde. Un repos insuffisant ou une reprise trop rapide peut entraîner des complications sérieuses, compromettant la mobilité du poignet à long terme. Écouter son corps, suivre les recommandations médicales et, si nécessaire, accepter l’arrêt de travail sont des conditions indispensables pour préserver sa santé et son avenir professionnel.




